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puis long-temps, malgré quantité d’obstacles dont le plus redoutable, suivant Nieuhof, était une ancienne prophétie répandue parmi les Chinois, qui les menaçait « de devenir quelque jour la conquête d’une nation de blancs vêtue de la tête jusqu’aux pieds. » Mais sur la nouvelle qu’ils reçurent de Macassar par un missionnaire jésuite nommé le P. Martin, revenu de la Chine, où il avait vécu caché pendant dix ans, que les Tartares mantchous avaient conquis pour la seconde fois ce grand empire, le gouvernement de Batavia prit la résolution de renouveler ses entreprises. Il fit pressentir les Chinois de Canton par quelques marchands, dont le rapport fut si favorable, qu’il ne pensa plus qu’à faire partir des ambassadeurs pour aller solliciter à la cour de Pékin la liberté du commerce.

La relation de cette ambassade fut composée par Jean Nieuhof, maître-d’hôtel des ambassadeurs hollandais, et célèbre par ses voyages dans plusieurs autres parties du monde ; elle fut publiée en diverses langues. La traduction française qu’on en trouve dans Thévenot paraît la meilleure.

Jean Maatzuyker, gouverneur de Batavia, et le conseil des Indes, avaient fait nommer pour ambassadeurs à la cour de Pékin Pierre de Goyer et Jacob Keyser. Leur train fut composé de quatorze personnes, c’est-à-dire deux marchands ou deux facteurs, deux domestiques, un maître d’hôtel, un chirurgien, deux