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un corps de soldats commandé par deux officiers de distinction. Aussitôt que les ambassadeurs se furent embarqués, ils arborèrent le pavillon du prince Guillaume de Nassau, tandis qu’on dépêchait des messagers aux magistrats des villes qui se trouvent sur la route, pour ordonner les préparatifs de leur réception.

Après avoir quitté Canton, le 17 mars 1657, on ne cessa point d’avancer à la rame sur la belle rivière de Tay, qui, baignant les murs de cette ville, offre une des plus délicieuses perspectives du monde. Les petits villages, qui sont en grand nombre depuis Canton jusqu’à Pékin, saluèrent les ambassadeurs à leur passage par une décharge de leur artillerie. On entra bientôt dans le Zin, que les étrangers nomment le Canal européen.

Le secrétaire des vice-rois, qui avait accompagné les ambassadeurs, prit congé d’eux pour retourner à Canton. Ils l’avaient traité à souper le soir précédent, avec quantité de nobles. On continua d’avancer, mais avec lenteur, parce que le canal de la rivière devenait très-rapide en se rétrécissant. Les Tartares forcent les rameurs chinois au travail, sans paraître touchés de leur fatigue. Ces malheureux tombent quelquefois dans un passage étroit, et se noient sans que personne pense à les secourir. Si l’excès du travail épuise leurs forces jusqu’à leur faire perdre quelquefois la connaissance, un soldat, qui est derrière eux,