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on y fait dissoudre trois quarterons d’alun blanc et calciné. Ce mélange se verse dans un grand bassin, en travers duquel on met une baguette ronde et bien polie ; ensuite, passant l’extrémité de chaque feuille dans toute sa largeur dans une autre baguette qui est fendue dans toute sa longueur, on la fait glisser par-dessus la baguette ronde ; après quoi, fichant le bout de celle qui la tient dans un trou de mur, elle y demeure suspendue pour sécher. C’est ainsi que les Chinois donnent à leur papier du corps, de la blancheur et du lustre. Un de leurs auteurs avoue que cet art leur vient du Japon.

Voici leur secret pour argenter le papier à peu de frais, et sans y employer de feuilles d’argent. Il prennent sept fuens ou deux scrupules de colle de peau de bœuf, et trois fuens d’alun blanc, qu’ils mêlent dans une demi-pinte d’eau claire, et qu’ils font bouillir sur le feu, jusque ce que l’eau soit consommée, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’il ne s’en élève plus de vapeur : alors, étendant quelques feuilles de papier, fait de l’arbre qui porte le coton, sur une table fort unie, on passe dessus deux ou trois fois un pinceau trempé dans la colle, en observant que l’enduit soit égal, et recommençant lorsque s’y trouve de l’inégalité : ensuite, on prend du talc préparé, on le tamise au travers d’une gaze pour le faire tomber également sur les feuilles, après quoi on les suspend à l’ombre pour les sécher. On les