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cette manière de calculer, et s’ils étaient capables de former des pronostics sur la seule longueur de l’ombre. Le mahométan répondit avec beaucoup de hardiesse qu’il comprenait cette méthode, et que c’était une règle sûre pour distinguer la vérité : mais il ajouta qu’on devait se défier des Européens et de leurs sciences qui deviendraient funestes à l’empire ; et prenant droit de la patience avec laquelle il était écouté, il s’emporta sans ménagement contre le christianisme. L’empereur changea de visage, et lui dit : « Je vous ai déjà déclaré que le passé doit être oublié, et qu’il faut penser uniquement à régler l’astronomie. Comment êtes-vous assez hardi pour tenir ce langage en ma présence ? Ne m’avez-vous pas sollicité vous-même, par divers placets, de faire chercher d’habiles astronomes dans toutes les parties de l’empire ? On en cherche depuis quatre ans, sans en avoir pu trouver. Ferdinand Verbiest, qui entend parfaitement les mathématiques, était ici, et vous ne m’avez jamais parlé de son savoir. Je vois que vous ne consultez que vos préventions, et que vous n’en usez pas de bonne foi. » Ensuite, l’empereur reprenant un air riant, fit plusieurs questions au missionnaire, sur l’astronomie, et donna ordre au ko-lao et à d’autres mandarins, de déterminer la longueur du style pour le calcul de l’ombre.

Comme il s’agissait de commencer l’opération dans le palais même, l’astronome maho-