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demi-cylindre d’un bois fort léger, dans l’axe duquel ils avaient placé un verre convexe, qui, étant tourné vers un objet, en représentait l’image au naturel. L’empereur, charmé d’une invention qu’il trouva fort nouvelle, demanda qu’on lui fît dans ses jardins de Pékin une machine semblable qui pût lui faire découvrir, sans être vu lui-même, tout ce qui se passait dans les rues et les places voisines. Les missionnaires firent bâtir, près des murs du jardin, un cabinet avec une grande fenêtre en pyramide, dont la base donnait dans le jardin et le sommet vers une place : à ce sommet ils placèrent un œil de verre directement opposé au lieu où le concours du peuple était le plus nombreux. L’empereur prenait beaucoup de plaisir à ce spectacle, et les reines encore plus parce que, ne sortant jamais du palais, elles n’avaient point d’autre moyen pour voir tout ce qui se passait au dehors.

Le père Grimaldi donna un autre exemple des merveilles de l’optique dans le jardin des jésuites de Pékin. Il traça sur les quatre murs diverses figures, qui ne représentaient en face que des montagnes, des forêts, des chasses et d’autres objets de cette espèce ; mais, d’un certain point, on voyait la figure d’un homme bien proportionné. L’empereur honora la maison d’une visite, et regarda long-temps ce prodige avec beaucoup d’admiration.

Pour essai de catoptrique, les jésuites présentèrent à l’empereur toutes sortes de verres