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Leurs voiles sont faites de nattes de bambou, ou d’une espèce de cannes communes à la Chine ; elles s’ouvrent comme un paravent. Au sommet est une pièce de bois qui sert de vergue, et au pied une sorte de planche large de douze pouces sur cinq ou six d’épaisseur, qui tient la voile ferme. Ces sortes de bâtimens ne sont nullement bons voiliers ; ils tiennent cependant beaucoup mieux le vent que les nôtres, à cause de la roideur des voiles qui ne cèdent point à l’impression du souffle ; mais leur forme, qui n’est pas si avantageuse, leur fait perdre à la dérive la supériorité qu’ils ont sur nous en ce point.

Leur calfat est si bon, qu’un seul puits ou deux puits, à fond de cale du vaisseau, suffisent pour le tenir sec ; aussi les Chinois n’ont-ils point eu jusqu’à présent l’usage des pompes. Leurs ancres ne sont pas de fer comme les nôtres ; elles sont d’un bois que sa dureté et sa pesanteur ont fait nommer tié-mou (bois de fer). Ils prétendent qu’elles sont meilleures que celles de l’Europe, parce qu’elles ne sont pas sujettes à se fausser ; cependant, pour l’ordinaire, on les arme de fer.

Les Chinois n’ont à bord ni pilote, ni maître de manœuvre. Les seuls timoniers conduisent le vaisseau. Il faut avouer néanmoins que la plupart n’entendent pas mal la navigation, surtout au long des côtes ; mais on ne leur accorde pas tant d’habileté en haute mer. Ils mettent le cap sur le lieu vers lequel ils vont ;