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et, sans tenir compte des élans du vaisseau, ils courent ainsi comme ils le jugent à propos. Cette négligence vient sans doute de ce qu’ils entreprennent rarement des voyages de long cours ; cependant, quand ils veulent, ils naviguent assez bien.

Leurs manœuvres étant grossièrement disposées, demanderaient tant de temps pour être remises en ordre, que pendant le calme les Chinois laissent leur voile déployée au hasard. Le poids énorme de cette voile, joint à l’action d’un vent qui agit sur le mât, mettrait la proue sous l’eau, si les Chinois ne remédiaient à cet inconvénient par le soin qu’ils ont de charger beaucoup moins leurs vaisseaux sur l’avant que sur l’arrière. Aussi, lorsqu’un bâtiment est à l’ancre, la proue est entièrement hors de l’eau, tandis que l’arrière y est fort enfoncé. La largeur des voiles chinoises, et leur situation vers l’avant, donnent sans contredit beaucoup de vitesse à la course d’un vaisseau, lorsqu’ils naviguent vent arrière ; mais de vent largue il est jeté nécessairement hors de sa direction, sans parler du risque qu’il court toujours de chavirer lorsqu’il est surpris par un coup de vent.

Si les Chinois ont découvert avant nous la boussole, comme plusieurs écrivains l’assurent, ils en ont tiré jusqu’à présent peu d’avantage. L’aiguille de leur grand compas de mer n’a pas plus de trois pouces de longueur ; sa figure, d’un côté, est une sorte de fleurs de lis , et