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pas une pièce de monnaie frappée au coin comme en Europe ; ce sont des lingots qui se coupent en morceaux, grands ou petits, suivant l’occasion, et dont la valeur est réglée par le poids. Ces lingots, qui sont de l’argent le plus fin, s’emploient pour les paiemens. La difficulté consiste à s’en servir dans le détail. Il faut quelquefois les mettre au feu, les battre à grands coups de marteau, et les rendre assez minces pour les compter plus aisément en petites pièces ; d’où il arrive que le paiement est toujours la partie la plus longue et la plus embarrassante d’un marché. Les Chinois conviennent qu’il leur serait plus commode d’avoir des monnaies d’une valeur fixe et d’un poids déterminé ; mais alors les provinces, disent-ils, fourmilleraient de faux-monnayeurs, ou de gens qui altéreraient les monnaies, tandis que cet inconvénient n’est pas à craindre tant que l’on conservera l’usage de couper l’argent à mesure qu’on a besoin pour payer le prix de ce qu’on achète. Comme il est difficile qu’en coupant tant de fois l’argent, il ne s’en perde quelques petites arties, les pauvres s’attachent beaucoup à les recueillir, en lavant les ordures qu’on jette des maisons dans les rues. Ils y trouvent un gain suffisant pour leur subsistance.

La plupart des Chinois portent sur eux, dans un étui de vernis fort propre, une petite balance pour peser l’argent : elle est composée d’un petit plateau et d’un bras d’ivoire,