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fort peu. Les mandarins se font des robes de chambre d’hiver d’une espèce de bure. À l’égard des serges et des droguets, il n’y en a guère de meilleurs que ceux de la Chine ; ils viennent des bonzes qui les font travailler par leurs femmes, et le commerce en est très-grand dans toute l’étendue de l’empire.

Outre les étoffes de coton, qui sont aussi fort communes, les Chinois usent en été de toile d’ortie pour de longues vestes ; mais celle qui est la plus estimée, et qui ne se trouve dans aucun autre pays, se nomme co-pou, parce qu’elle est faite d’une plante nommée co, qui croît dans la province de Fo-kien. C’est une espèce d’arbrisseau rampant, répandu dans toutes les campagnes, et dont la feuille est beaucoup plus grande que celle du lierre. Elle est ronde, unie, verte en dedans et cotonneuse en dehors. La tige est quelquefois de la grosseur du pouce, fort pliante et cotonneuse comme les feuilles. Lorsqu’elle commence à sécher, on la fait rouir dans l’eau, comme le lin et le chanvre. On lève la première peau, qui n’est d’aucun usage. La seconde, qui est beaucoup plus fine, se divise avec la main en fils très-menus, et se met en œuvre sans avoir été battue ni filée. L’étoffe est transparente et n’est pas sans beauté ; mais elle est si légère, qu’on croit ne rien avoir sur le dos.

La fabrique de la soie est un objet si important à la Chine, que nous croyons devoir nous étendre sur les utiles insectes qui en fournissent