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les vers à soie, mais tirent de longs fils qui s’attachent aux arbustes et aux buissons. Quoiqu’elle soit moins fine que la soie des vers ordinaires, elle résiste mieux au temps. Les insectes qui la produisent mangent toutes sortes de feuilles, outre celles de mûrier. Quand on ne connaît pas cette sorte de soie, on la prendrait pour du gros droguet.

On distingue deux espèces de ces vers à soie sauvages dans la province de Chan-tong : l’une, nommée tsouen-kien, plus grosse et plus noire que les nôtres ; l’autre, moins grosse, qui se nomme tsao-kien. Les fils de la première sont d’un gris roux : ceux de la seconde sont noirs, et la soie est tellement mêlée de ces deux couleurs, que souvent la même pièce est divisée en raies grises, jaunes et blanches. Cette soie est fort épaisse, ne se coupe jamais, dure long-temps, et se lave comme la toile. Lorsqu’elle est d’une certaine bonté, l’huile même n’est pas capable de la tacher. Elle est fort estimée des Chinois, et quelquefois elle est aussi chère que le satin, ou que leurs plus belles soies.

Ils ont aussi des manufactures de laine et de toile. La laine y est fort commune et à bon marché, surtout dans les provinces de Chan-si, de Chen-si et de Séchuen, où l’on nourrit un grand nombre de troupeaux. Cependant les Chinois ne font point de draps de laine. Ils estiment beaucoup ceux qu’ils reçoivent des Anglais ; mais, comme ils sont beaucoup plus chers que leurs étoffes de soie, ils en achètent