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rang qu’ils puissent être. Cependant, ceux que leurs richesses ne mettent point en état de mener un train convenable à leur naissance affectent de cacher cette ceinture.

Quelque lustre qu’ils puissent tirer de leur naissance et de leurs dignités, ils vivent dans l’état sans pouvoir et sans crédit : on leur accorde un palais, une cour, avec des officiers et un revenu digne de leur rang ; mais ils ne jouissent d’aucune sorte d’autorité : le peuple ne laisse pourtant pas de les traiter avec beaucoup de respect.

Quoiqu’on ne compte pas plus de cinq générations des princes du sang depuis leur origine, leur nombre ne monte pas aujourd’hui à moins de deux mille : ils se nuisent les uns aux autres à force de se multiplier, parce que la plupart n’ont point de biens en fonds de terre, et que l’empereur, ne pouvant leur accorder à tous des pensions, plusieurs vivent dans une extrême pauvreté qui les expose au mépris. L’usage des Tartares est de faire mourir tous les princes d’une race détrônée.

Vers la fin de la dynastie des Ming, on comptait dans la ville de Kiang-tcheou plus de trois mille familles de cette race, dont quelques-unes étaient réduites à vivre d’aumônes. Le brigand qui s’empara de Pékin extirpa presque entièrement cette race, ce qui a rendu désertes quelques parties de la ville. Ceux qui échappèrent au carnage prirent le parti de quitter la ceinture jaune et de changer de nom, pour se