Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/138

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—i3o— MEMENTO Depuis que M. Charles Tardieu nous a fait savoir que CIndépendance belge ne s'oc cuperait plus jamais des écrivains de la jeune école, les deux vieilles filles ont entre tenu leurs lecteurs des Sept Princesses, d'Etude de Jeune Fille, des Charneux, des Lourty, etc., etc. Elles ont éreinté la confé rence de M. Emile Verhaeren, annoncé les Apparus dans mes chemins et Loth et ses filles. Ce n'est plus : « N-i-ni, c'est fini ! » mais « N-i-ni, ça commence ! » C'est encore timide, hésitant et intermit tent, mais il y a progrès. Encore deux ou trois volées de bois vert, et ce sera parfait. L'Indépendance belge a pour correspon dant théâtral, à Pontoise, M. Marcel Fou- quier, le fils de celui qui a si peu de talent. Ce jeune homme a écouté avec intérêt, au Théâtre d'Art, le Bateau ivre de Rimbaud. Il y a découvert de « fort jolis vers à la José- Maria de Hérédia ». m Après Marcel, Henry. M. Fouquier père apprécie ainsi les Flaireurs, le drame de M. Van Lerberghe, joué avec grand succès au Théâtre d'Art : « Les Flaireurs, qu'on a joués vers une heure du matin, sont un simple cauchemar. Une mourante entend venir les hommes qui apportent l'eau pour la toilette funèbre, le linceul, le cercueil. C'est macabre, inutile et — je n'insiste que sur ce point, d'un effet facile. » M. Fouquier a tort : il n'est jamais plus amusant que lorsqu'il insiste. A preuve : ce jugement sur Macbeth : o Puisque le théâtre russe est à la mode, je dirais volontiers que l'âme de ce Macbeth, être faible qu'un premier crime entraîne à des crimes sans nombre et qui dépasse dans le mal celle qui l'y a poussée la première, est une âme slave, comme nous les aimons aujourd'hui. J'admire donc profondément Macbeth. Mais, même dans celte œuvre, je n'accepte pas tout de Shakespeare sans réserve et sans discussion. J'ose penser qu'il faut choisir et que c'est se montrer vérita blement respectueux du maître de corriger les imperfections grossières dont il est plein. Je préfère l'adaptation à la traduction litté rale, en dépit des criailleries. » On annonce un Shakespeare corrigé, dû à la collaboration respectueuse de M. Henry Fouquier et du jeune décadent russe Mar- méladoff. V De l'Indépendance, à propos de la mort du cardinal Manning, du duc de Clarence et du général Chazal : «...Cette série macabre ne s'arrêtera donc jamais?... » Nous avons interviewé Calino : Il a ré pondu que ses renseignements particuliers confirment ceux de l'Indépendance, et nous a prié de remercier son confrère M. Tardieu, qu'il a, paraît-il, beaucoup « cultivé » na guère. La Jeune Belgique ayant souhaité que Bruxelles devienne un petit Weimar, le Guide musical, guidé par M. Maurice Kuf- ferath, qui est guidé lui-même par M .Charles Tardieu, nous décoche le petit teutonisme que voici : « Très noble, cette ambition, mais un peu naïve. Ça ne se reconstitue pas tout seul, le Weimar de i775. Il faudrait avoir Schiller, Gcethe, Herder, Wieland. Et nous n'avons même pas Charles-Auguste ! » Pardon, c'est vous qui l'avez ! M. Tardieu s'appelle Charles, et il est Auguste.