Aller au contenu

Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de M. le député Slingeneyer. Espérons que l’enquête aboutira et que l’organisation de la direction des musées subira des réformes efficaces.

Nos tenaces ennemis, les antiques réactionnaires, les incorrigibles doctrinaires académiques, ont, d’ailleurs, subi en l’année 1891 plus d’un assaut redoutable. Il semble que leur bastille se lézarde et que le découragement commence à s’emparer des assiégés. M. Frédérix, leur chef incontesté, a été fort mal arrangé par la Jeune Belgique en compagnie de son frère d’armes, M. Charles Tardieu. Tandis que celui-ci nous envoyait, par erreur, sans doute, un énorme article destiné à son journal quotidien, M. Frédérix, se méfiant du public bruxellois, allait prudemment guerroyer en province. Il a ferraillé contre notre ombre dans un petit club de la ville de Gand ; la prochaine fois, nous assure-t-on, il passera l’eau et ira prêcher la Vieille Nouvelle à Douvres ou à Stratford-sur-l’Avon, où il pourra tutoyer Shakespeare.

N’oublions point l’affaire du prix officiel refusé par M. Maeterlinck. Cet événement a jeté la consternation dans le camp de nos adversaires, qui avaient tenté de s’annexer un jeune écrivain devenu célèbre malgré eux et de l’arracher de nos rangs. M. Maeterlinck a déjoué ces calculs. Il a repoussé la couronne de plomb que lui offraient en grimaçant nos Frédérix et nos de Monge. Son dédain a porté un coup mortel à une institution néfaste ; on peut espérer que les prix officiels auront bientôt vécu.

Les bigots n’ont pas été moins malmenés que les cuistres. Au congrès catholique de Malines une généreuse jeunesse a déchiré le petit Syllabus antilittéraire que tentaient de fulminer contre nous les derniers jansénistes de l’Université de Louvain. Elle n’a pu empêcher toutes les sottises, mais du moins, grâce à ses efforts, le Congrès, sollicité de condamner la formule « l’Art pour l’Art », écarta la question.

Dans le journal La Nation, M. De Wattine a publié une série d’entre vues remarquables, où les nôtres ont exposé leur programme, où des amis nous ont prodigué les encouragements et les félicitations.

La propagande ne s’est point bornée là. Sous l’impulsion de chefs habiles, les socialistes belges ont organisé des conférences artistiques et littéraires où quelques-uns des nôtres, réserve faite de tout principe politique, ont lu des morceaux en vers et en prose que le public a acclamés.

Il est à remarquer que seul jusqu’à présent le parti ouvrier a pris cette attitude intelligente, qui lui vaudra des sympathies particulières parmi les artistes.

Toutefois, la Jeune Belgique profite de l’occasion pour rappeler qu’elle est et demeure étrangère à toute espèce de parti politique.