Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/152

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—i44— doyait et l'éther brillait... — Des jardins, des palais, des colonnes, des laby rinthes .. — Et l'on entendait le bruit d'une foule innombrable. — J'y ai rencontré beaucoup de figures inconnues; — J'y ai vu des monstres fantas tiques et des oiseaux mystérieux, — Sur les hauteurs de la création je marchais fièrement, — Et sous moi le monde luisait immobile... — A travers le rêve, comme le hurlement du sorcier, — Le tonnerre des abîmes de la mer arrivait jusqu'à moi, — Et dans le domaine tranquille des visions et des songes — Sautait l'écume des flots hurlants. VIII Hier, au sein des rêveries ensorcelées, — Les paupières éclairées langou reusement — Par les derniers ravons de lune, — Tu t'oublias dans un sommeil tardif. Le silence s'est apaisé autour de toi, — L'ombre s'est renfrognée plus sombre, — Et la respiration égale de ta poitrine — Ondoyait dans l'air plus distinctement. Mais à travers la tenture des fenêtres — Les ténèbres de la nuit ne cou laient pas longtemps, — Elles, qui jouaient avec la rêverie invisible — En soulevant ta boucle somnolente. Car voici que, sans bruit et en tapinois, — Comme apporté par le zéphyr, — Vaporeusement léger, laiteusement pâle, — Quelque chose pénétra par la croisée. Voici que cela courut invisiblement — Sous les tapis vaguement estampés, — Voici que, s'accrochant à tes couvertures, — Cela grimpa le long de leur bord. Voici que. ondulant comme un petit serpent, — Cela atteignit le haut de la couche — Et qu'à l'instar d'un ruban — Cela se développa entre les rideaux de ton lit. Et, tout à coup, touchant ta jeune poitrine, — Avec un rayonnement palpitant de vie, — Rouvrit la soie de tes paupières, — Par une exclama tion éclatante et vermeille. IX Oh ! ne me déposez pas — Dans la terre humide; — Cachez, enfouissez-moi — Dans l'herbe épaisse; — Que le souffle du zéphyr — Agile le gazon, — Que la syringe chante de loin, — Et que les nuages, calmes et ensoleillés — Volent au-dessus de moi.