Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/153

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-,45- X J'aime le service divin des protestants, — Leur liturgie est sévère, impo sante et simple; — De ces murs, de ce temple vide, — Le haut enseigne ment m'est compréhensible. Car, voyez-vous, prête à partir, — C'est pour la dernière fois que la Foi est là devant vous : — Elle n'a pas encore franchi le seuil — Que déjà sa maison est vide et nue; — Elle n'a pas encore franchi le seuil, — La porte ne s'est point refermée sur elle... — Mais l'heure a sonné... Priez Dieu, — Car c'est pour la dernière fois que vous priez maintenant. XI Les Alpes A travers l'obscurité azurée de la nuit — Les Alpes neigeuses nous contemplent ; — Leurs yeux trépassés nous frappent —- De leur épouvante glaciale. — Sous le charme d'une puissance occulte, — Elles sommeillent menaçantes, nébuleuses, — Jusqu'au lever de l'aurore. — L'on dirait des souverains déchus. Mais que l'orient rosisse à peine, — Et la fin des sortilèges est pioche : — C'est la couronne du frère aîné — Qui devient lumineuse la première; — De la tête du grand frère — Descend l'onde sur les cadets, — Et toute la famille renaissante — Brille dans ses couronnes en or. XII La soirée est pleine de brouillard pluvieux... — Chut! n'entends-je pas le chant de l'alouette? — Est-ce toi, hôte charmant de la matinée, — En cette heure tardive et mortelle? Souple, enjoué, sonore et clair, — En cette heure mortelle et tardive, — Il a ébranlé tout mon être — Comme le rire effrayant de la démence ! XIII Le soir d'été Déjà la terre a secoué de sa tête — La chaleur incandescente du soleil, — Et l'onde marine vient d'engloutir — L'incendie paisible du soir. — Déjà les astres clairs ont apparu, — Et de leurs têtes humides — Ils ont soulevé la voûte céleste — Qui pesait sur nous. — Entre la terre et le ciel