Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/165

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—i5y— courager : le décourager de rimer encore des Rêves et Nostalgies, et l'encou rager à écrire des vers de poète, non des improvisations d'amateur. L'auteur du deuxième livre, M. Paul Gérardy, est aussi un débutant. Mais ce débutant débute, sinon par une œuvre égale et une, du moins par quelques poèmes bien venus, d'une veine déjà personnelle, qui annoncent un écrivain. Je ne prise pas beaucoup la série intitulée Les Croix, ni la Nuit d'hiver, mais, en revanche, je suis ravi des petites chansons qui ouvrent le livre : A la façon de Henri Heine, Je dis des chaînons tristes et douces. Je dis de méchantes chansons A lafaçon de Henri Heine. Rêve; vos rêves doucement Et laisse;; les choses aller. Et laisse^ vos larmes couler Pour être heureux infiniment. J'aime aussi Cefut un trouvère qui chanta, une inspiration charmante, et, par-dessus tout, la Tour, un exquis paysage enchanté, exprimé par des strophes naïves et chevrotantes : La vieille tour a la parole, — La vieille tour est bien bavarde! — Depuis des siècles qu'elle est là, La vieille tour a la parole. J'attends beaucoup de M. Paul Gérardy, qui vient de révéler une vraie sensibilité de poète, et dont les chansons, naïves sans trop de naïveté apprise, ont de la grâce, du trait, et un joli tour d'esprit et de sentiment, qui est très français.

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Le troisième livre de vers me vient de Paris. Notre collaborateur M. Francis Vielé-Griffin publie, sous un titre qu'il affectionne, Les Cygnes, une série de nouveaux poèmes, auxquels je voudrais avoir le loisir de con sacrer une longue étude, car ils me sollicitent non seulement par leur valeur esthétique, qui est réelle, mais encore par certains problèmes qu'ils sou lèvent, et devant lesquels la critique ne peut point passer sans s'arrêter. Les lettrés qui savent lire saisiront facilement le lien subtil qui rattache ces nouveaux poèmes, et ce serait leur faire injure que de le leur expliquer. Quant aux autres, je crains fort que l'explication la plus claire ne parvienne pas à les convaincre. Ce n'est pas pour eux que j'écris ces lignes.