Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/164

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—i56— CHRONIQUE LITTÉRAIRE Rêves et Nostalgies, par Paul Delhaye. Tournai, Vasseur- Delmée. — Les Chansons naïves, par Paul Gerardy. Liège, Vaillant-Carmanne. — Les Cygnes, par Francis Vielé- Griffin. Paris, Léon Vanier, — Coups de plume, par Firmin Vanden Bosch. Gand, Siffer. — En Vacances, par le baron de Haulleville. Bruxelles, Paul Lacomblez. — Ames fidèles an mystère, par Adolphe Frères. Bruxelles, Paul Lacomblez. 'ai là, devant moi, sur ma table, trois volumes de vers, d'accent différent, et dont la fortune sera diverse. Le premier, Rêves et Nostalgies, porte la signature de M. Paul Delhaye, et m'arrive du Tournaisis. Ces rêves et ces nostalgies sont assurément d'un débutant, et d'un très jeune débutant. M. Paul Delhaye rime, avec une facilité déplorable, des poèmes qui n'ont pas la moindre horreur du lieu commun. Exemple : Voici que le ciel, à flots onduleux, . S'emplit de brouillards aux masses pesantes. Et que dans les airs, comme agonisantes, Les feuilles tournoient en essaims frileux. Les grands vents d'ouest, soufflant leurs ravages. Font gémir d'effroi les pins desséchés, Puis, sur lesflancs bleus des vastes rochers. Sèment le duvet des chardons sauvages. Mon cœur, attristé par les jours nombreux Dont le flot s'encourt sombre et monotone. Comme la nature en ce mois d'automne. Sur lui sent tomber un deuil douloureux. // voit s'effeuiller l'arbre de ses rêves Au souffle qu'cmet la réalité. Et comprend enfin lafragilité Du bonheur, brisé par les heures brèves. Voilà des vers musicaux, d'une allure aisée, qui prouvent que. si M. Paul Delhaye a des dons estimables, il se contente de l'à peu près et ne cherche pas le mieux. Croit-il, en qualifiant les flots cYonduleux, les masses, de pesantes, et le deuil, de douloureux, qu'il crée des rapports nou veaux et qu'il fasse œuvre de poésie? Et la veulerie de cette tournure : Au souffle qu'émet la réalité, ne démontre-t-elle pas que M. Paul Delhaye ne se surveille guère? Eh bien ! puisqu'il ne se surveille pas, c'est à ses aînés qu'il appartient de le surveiller. Je voudrais à la fois le décourager et l'en