Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/167

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-i59- l'emploi, au moins inutile, de « en l'autrefois » pour « dans le passé », ni des vers comme celui-ci : Tourné vers quelque vieil hier de vie enfuie. L'oreille proteste, et je ne vois pas ce que. M. Vielé-Griffin peut gagner à la contrarier ainsi. Quant au doute que j'ai, le voici. Je me demande siJe poète des Cygnes, en prodiguant les longs couplets en vers polymorphes très distendus, n'en lève pas à ses imaginations le caractère définitif sans lequel il n'est point de poésie. Le rhythme et la musique de M. Francis Vielé-Griffin ne sont pas toujours perceptibles dans la lecture à voix haute. Et certaines strophes des Cygnes pourraient-elles se graver dans la mémoire et s'imposer au souvenir, comme les vers de l'Après-midi d'un faune, des Romances sans paroles ou certains poèmes des Chansons d'Amant? A rompre avec l'ancienne prosodie mnémotechnique, ou à négliger d'en établir une nouvelle, ne risque-t-on pas d'enlever à la poésie ce qui est son gage de durée et sa splendeur d'éternité? Après les poètes, les prosateurs. Voici les Coups de plume de M. Firmin Van den Bosch, un petit pamphlet très alerte, dirigé contre les vieilles routines de notre enseigne ment moyen, et qui porte en épigraphe cette pensée éminemment subver sive : « L'irrévérence en littérature, c'est toujours délicieux, et parfois utile... » Il a raison, M. Firmin Van den Bosch, et nous comptons avec plaisir les bonnes lances qu'il rompt contre ses adversaires, qui sont aussi les nôtres et ceux de tout art jeune et vivant. Il ne se ménage pas, M. Firmin Van den Bosch. Il plume le doux « cygne de Cambrai » au pas de course et dit son fait à Télémaque. Je crois même, qu'emporté par son élan, il bouscule un peu Athalie. Peu importe! L'essentiel, c'est que certaines choses soient dites, et bien dites, écrites et vaillamment écrites, pour les aveugles et les sourds qui cuisinent nos programmes d'enseignement. M. Firmin Van den Bosch connaît mieux que personne les préjugés sécu laires et les niaiseries solennelles encore en honneur dans certains milieux. La croisade qu'il commande est non seulement irrévérente, mais elle est utile. Nous le félicitons de tout cœur, et nous l'engageons à recommencer. -v Sans être irrévérentes, les notes et les impressions que M. le baron de Haulleville publie, sous le titre : En Vacances, chez l'éditeur Paul Lacomblez, révèlent cependant un esprit curieux, rétif aux opinions reçues et aux lieux communs officiels. On retrouve dans ces pages familières l'homme indépendant qui naguère, aux débuts de notre mouvement litté raire, nous défendit courageusement contre les mépris de la gérontocratie et