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Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/191

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-i83- d'apporter tous les soins à le magnifier, fût-ce au prix d'en souffrir et de s'affoler à l'inépuisable angoisse du mystère divin ? Car c'est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage Que nous puissions donner de notre dignité. Que cet ardent sanglot qui roule d'âge en âge . Et vient mourir au bord de votre éternité. M. Bernard Lazare va logiquement à l'extrême. Le Verbe étant la vie même, qu'importe que celui qui l'apporte y ait foi, pourvu que le verbe révélé en effet vivifie? Et de même — tel pourra prêcher que le salut et le seul but de l'humanité c'est la Mort (comme l'évidence en est à nos yeux humains qui encore s'y refusent) et, par la parole pénétrés et sûrs, des milliers autour de lui mourant, lui, s'il élude la Purificatrice ne se pourra taxer d'illogisme, car la Mort qui serait la Vie heureuse, il l'a renoncée afin que soient persuadés les hommes. Encore — et selon d'ailleurs une hérésie que Tertullien combattit — Judas est digne de louanges et il est l'apôtre aimé entre les élus puisque par sa vilenie seulement l'œuvre salvatrice eut lieu et sans celle-là le Dieu n'eût péri de la mort des larrons, si bien peut- être que le mal humain n'eût pu être rédîmé. Nettement aussi, l'angoisse devant les éternels et supraterrestres mystères qu'ont devinés les plus savants anciens en des récits tels que « l'Agonie des Esprits » sollicite qui sait lire. Mais d'autres contes encore et non les moins délicieux charment, et ce sont les légendes tour à tour gracieuses et terri bles du Narkissos plaintif, de Néanthès audacieux, de Marsyas martyr ou des glorieux et tendres descendants d'Iskender; enfin « les Fleurs » qui naquirent sur le lac consacré du sang des vierges par les barbares vainqueurs en leur saccageuse furie misérablement sacrifiées, peut-être — comme aussi « la Vie sans effroi » — la plus parfaite de toutes ces belles et fières légendes que nous dit avec sa haute sûreté d'artiste M. Bernard Lazare. ANDRÉ FONTAINAS Le Parnasse des jeunes poètes anglais. Sous ce titre : The Book ofthe Rhymers" Club, l'éditeur Elkin Mathews — Vigo Street, à Londres — vient de publier en un élégant volume à tirage restreint, un Parnasse des jeunes poètes anglais. — Le Rhymers' Club qui n'est vieux que d'un an, et tient ses réunions dans la vieille taverne poétique du Cheshire Cheese, est composé des poètes dont les noms suivent : Ernest Dowson, Edwin Ellis, G. -A. Greene, Lionel Johnson, Richard le Gal- lienne, Victor Plarr, Ernest Radford, Ern. Rhys, W. Rolleston, Arthur Symons, John Toathunter, W.-B. Yeats, plusieurs d'entre eux déjà hono rablement connus du monde littéraire. La belle « Chanson des forgerons de la Chanson», de G -A. Greene — qui clot le volume et célèbre le culte de la rime « de la rime d'or, de la rime royale, de la rime sonore » et la plupart des poèmes du volume, sem