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Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/204

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—196— déjà célèbre de : « Ordre de la Rose -f- Croix du Temple ». La Jeune Belgique rappelle avec la modestie bien connue des bons prophètes, qu'elle a prédit la guerre des deux Roses + Croix. M. Francisque Sarcey ayant publié, chez Ollendorff, un volume intitulé : Souvenirs d'âge mûr, M. Gustave Frédérix a profité de cette aubaine pour écrire, dans l'Indé pendance belge, un magistral article sur... M. Gustave Frédérix. Eloge du critique dramatique « le plus populaire, le plus attaqué et le plus lu », de l'homme qui « a jugé, pratiqué, retourné tous les auteurs dramatiques et tous les comédiens », du chroniqueur « qui s'est expliqué sur tant de questions contempo raines, qui a connu les hommes de la poli tique comme ceux de la littérature et de l'art, du maître journaliste, qui a fait tout ce qui concerne son état ». Ereintement des « abstracteurs de quintessence etdes impa tients de notoriété à qui le critique n'a pas été assez complaisant », et enfin, le petit rébus que voici, qui est notre prime du mois d'avril : « Les écrivains, qui ont eu une allure particulière, même des tics ayant réussi, ont tous quelques imitateurs. Il n'est pas néces saire d'être célèbre, pour retrouver des for mules, des tours de phrase, qu'on a mis en circulation, repris par des camarades, des voisins, parfois emprunteurs involontaires. Mais autour des vrais possesseurs de la notoriété, les disciples, les copistes pous sent tout naturellement. La familiarité de Sarcey, sa façon de se raconter, de faire son ménage littéraire, de dire s'il a perdu ou non sa soirée, et le détail et l'espèce de ses plaisirs ou de ses ennuis, plusieurs ont évi demment pioché cet abandon copieux. Il y en a même qui usaient du style et des gestes de Sarcey, mais en les appliquant à de tout autres idées, à la défense des œuvres super- coquenticuses. Cela fait un singulier mé lange, de la rondeur affectée cherchant à prêter de l'abandon à des opinions à angles aigus et à tarabiscotages. » Qui est-ce qui a employé les génitifs de papa? Décidément, avant de s'adoniser dans les yeux de M. Sarcey, M. Frédérix ferait bien de méditer le titre du roman de Paul de Kock : Gustave ou le mauvais sujet. Pour un panégyriste qui s'appelle Gus tave, Gustave est, en effet, un mauvais sujet. Fleurs de critique : Voici comment M. Gustave Frédérix apprécie l'Envers dune Sainte, la belle étude dramatique de M. de Curel : « Tout déconcerte le spectateur dans ces conversations de femmes pieuses, — il n'y a qu'une seule scène où un homme apparaisse et parle... » Après M. Frédérix, M. Edmond Cattier : « Le roi Dagobert s'est acquis une répu tation considérable en mettant sa culotte à l'envers. C'est à une sainte que M. de Curel a fait subir la même opération... » Et puis, « il n'y a qu'un rôle d'homme pour six rôles de femmes ». Enlevé, c'est pesé! A-t-on idée d'une pièce dont le titre fait penser M. Cattier au roi Dagobert! Et cet homme tout seul, entre six femmes, est-ce assez ridicule i Il n'y a encore rien de tel que la haute critique. Celle dont nous donnons des échantillons s'élève à la hauteur d'une pyra mide, d'une pyramide du sommet de laquelle on serait harangué par quarante baudets! Lire, dans les Entretiens politiques et littéraires, de nouvelles notes de Jules Laforgue, dans la Plume, un éloge de Maurice Du Plessys par Jean Moréas, dans Art et Critique, d'innombrables calem bours, les uns vengeurs, les autres, ron geurs ; enfin, dans le Mercure et la Revue bleue, les débuts dans l'interview littéraire, à table, d'un Hollandais qui répond au nom de W.-G.-C. Byvanck, et dont la très vive compréhensivitc est doublée d'une certaine candeur. Aucune nouvelle école n'a surgi pendant le mois de mars.