Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/203

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-i95- MEMENTO Grand et légitime succès, aux Concerts populaires, pour La Mer, esquisses sym- phoniques de M. Gilson, d'après un poème de M. Eddy Levis. M. Gilson est un musicien d'une rare richesse de tempérament, et dont on peut attendre de très belles œuvres. Le Théâtre de la Monnaie — de la mon naie de MM. Stoumon et Calabresi — joue en ce moment Cavalleria Rusticana, de l'illustrissime signor Mascagni. C'est très amusant! M. Antoine est arrivé à Bruxelles avec un assortiment complet de tranches de vie et d'entre-côtes dramatiques du jeu le plus nouveau. Il nous a offert IEnvers dune Sainte, de M. Curel, la Dupe, de M. Ancey, Seul, de M. Guinon, le Canard sauvage, d'Ibsen, etc., etc. M. Antoine n'a pas joué Madame Lupar, M. Camille Lemonnier ayant retiré sa pièce après des incidents qui tendent à prouver qu'Antoine est le pseudonyme de M. Porel. V On lit dans un journal bruxellois, à pro pos de la mort de Walt Whitman, l'articu • let que voici : « Un souvenir curieux à prqpos du grand poète américain Walt Whitman, dont nous avons annoncé hier la mort. C'est lui qui composa typographiquement d'un bout à l'autre son premier recueil de poèmes, Leaves of Grass, qui déconcerta les classiques de la littérature par ses dédains des formes classiques de la prosodie, et qui scandalisa certaines pudibonderies par la franchise ingénue de certaines descriptions et expressions auxquelles Walt Whitman ne voyait Bucunmal, parce qu'elles répondaient à la « nature » des choses. Un poète con fectionnant matériellement ses livres, c'est peut-être unique. Ce qui l'est encore davantage, c'est que de la première édition de Leaves of Grass, œuvre dont la puissante originalité est aujourd'hui universellement reconnue, pas un seul exemplaire ne se vendit. Les jour naux en parlèrent, mais en des termes si méprisants qu'ils en dégoûtèrent le public acheteur. Seul le grand écrivain Emerson, auquel l'auteur avait envoyé un exemplaire, en comprit immédiatement la beauté, et écrivit à Walt Whitman une lettre décla rant qu'il n'avait jamais lu d'aussi incompa rables choses écrites de façon aussi incom parable, et prédisant, pour terminer, au poète : « un illustre avenir ». On voit qu'il peut arriver à M. de Voltaire <favoir plus d'esprit que tout le monde. » Quel est ce journal f C'est... L'INDÉPENDANCE!!! L'Ordre de la Rose + Croix du Temple, dont le Salon, très curieux, a mis en évi dence, à Paris, des œuvres de MM. Fernand Khnopff, Delville, Ciamberlani, etc., est déjà déchiré en deux. Le Sar a les plus cruels démêlés artis tiques : Il professe en effet une vive admi ration pour l'Ecole florentine, tandis que l'un de ses archontes, des plus aimables d'ailleurs, le comte de La Rochefoucauld, est pour l'Ecole impressionniste. De là des discussions qui ont dégénéré en scission! Bref, l'archonte a donné sa démission d'archonte, se réservant de fonder peut- être un autre Salon. La Société qu'il avait formée avec le Sar est dissoute depuis hier. Quant au Sar, il continue sa « mission » et, de par acte dûment notarié, il conserve à son œuvra sur cette terre la dénomination