Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/221

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—2l3— SCÈNE XI L'évéque Nicolas, seul. NICOLAS. — La confession du prêtre Trond! Elle m'est donc parvenue! Ici, je la tiens en cette main! (Il regarde, préoccupé, devant lui.) On ne devrait jamais trien jurer sur son salut éternel, lorsqu'on est aussi âgé que moi. Si j'avais encore des années devant moi, je trouverais bien moyen de me dégager d'un pareil serment; mais ce soir, ce dernier soir... Non, la chose n'est pas prudente. Mais me faut-il tenir ce serment? Ne serait-ce pas compromettre ou même détruire l'œuvre à laquelle j'ai travaillé toute ma vie? (A voix basse ) Ah! si je pouvais tromper une dernière fois le diable! (Il écoute ) Qu'est cela? (Il appelle.) Viljam ! Viljam! SCÈNE XII SlRA VlUAM. — L'ÉVÉQUE NICOLAS. NICOLAS. — Quels mugissements, quelles épouvantables rumeurs! Sira ViLJaM. — L'orage augmente de violence. NICOLAS — L'orage, c'est l'orage!... Et pourtant je tiendrai mon ser ment! L'orage, dis-tu ? Ils ne cessent point de chanter, les autres, n'est-ce pas? SlRA VlUAM. — Non, seigneur. NICOLAS. — Dis-leur de ne négliger aucune peine. Surtout ce frère Aslak. Non seulement, il dit les prières les plus courtes, mais il en avale la moitié ; il saute des versets entiers, le misérable! (Il frappe le parquet de sa crosse.) Entre dans la chapelle et dis-lui bien que celle-ci est ma dernière nuit, que je compte sur son zèle, ou sinon, que mon fantôme le visitera. SlRA VlLIAM. — Seigneur, permettez que j'appelle Maître Sigard. NICOLAS. — Non, entre d'abord là, te dis-je. (Sira Viljam entre dans la chapelle.) (A suivre.) GEORGES EEKHOUD CHANSONS D'AMOUR mon enfant, o ma jolie enfant, que je voudrais pouvoir t'aimer et te donner mon cœur, tout mon cœur. Je t'aime, o mon enfant, mais mes malheureux yeux trop clairvoyants voient trop bien que tu n'aimes personne et que tu ne seras jamais qu'amusée de mon amour. Quand jentends raconter de belles actions, quand je rencontre en mes '4