Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/222

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chers livres de grands cris d'amour, de grands élans, de grands tourments d'amour, mon cœur se gonfle en ma poitrine, les larmes me viennent aux yeux d'admiration et d'amour, et je voudrais t'aimer ainsi, toujours, t'ai- mant et t'adorant jusqu'aux larmes. Car je ne vaux pas mieux qu'un autre à présent; mais si tu m'aimais, chère enfant, si j 'étais sûr de ton cœur et que ton amour ne pût changer jamais, je marcherais illuminé dans la vie, les yeux fixés seulement sur ce qui est beau et noble, et je pourrais faire à mon tour quelque grande action remplissant d'admiration et d'amour ceux qui l'entendraient raconter.

Au ciel bleu, au profond et pur ciel bleu scintille la magie des étoiles changeantes et les clairs feux réguliers des constellations innombrables. Epandues par le ciel, de flottantes nuées transparentes, guirlandes interrompues de fleurs géantes et divines, s'entr'ouvrent en neigeuse mous seline, brodées aux spacieux manteaux de la nuit; et dans le cœur de ces fleurs géantes, comme des gouttes de rosée au cœur des fleurs terrestres, brille, meurt et scintille le feu miraculeux des étoiles inaccessibles. Ta chevelure est profonde et sombre et toute étoilée d'amour comme les manteaux célestes de la nuit printanière, et dans les pierreries qui s'en flamment et s'enorgueillissent au sein de ton amoureuse chevelure, comme dans les feux changeants incertains des étoiles, je vois briller, resplendir et trembler mon amour, mon fier amour, mon jeune amour, tremblant de passion, de crainte et d'espérance.

Cruelle et chère enfant, o mon amie, ma joie, mon seul espoir, folle, espiègle comme un enfant, sans transition, rieuse et gaie, triste ou fâchée, désenchantée comme un enfant, mon amie aux yeux fous, aux cheveux fous, mon amie aux belles lèvres rouges, chaudes et parfumées, m'aimes-tu vraiment quand tu dis que tu m'aimes ? Si je pouvais le croire, je vivrais plus heureux que le roi le plus heureux, et je le crois parfois lorsque je suis auprès de toi et que mes yeux troublés plongent dans tes grands yeux passionnés amoureux, semblables à des fleurs vives et parfumées, ouvertes dans la nuit printanière, humides miroirs voluptueux où se reflètent et passent de calmes paysages nocturnes, des forêts grises, des forêts bleues, des bois pleins d'ombre et de longs chants d'oiseau, de tendres arbres penchés sur des routes blanches et des prairies semées de fleurs sous de grands ciels bleus endormis où tremblent et pal