Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/231

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—223— Gentillie, et Blanchelive Blanchelivettel..., et ce terrible et visionnaire Quadrille du Lancier, qui commence comme un roman d'observation, et qui finit à travers la frénésie d'un rêve grandiose, dans un symbolisme allier, planant à mille ailes au-dessus de toute réalité. Le Cycle patibulaire est une de ces œuvres dont on explique la nais sance, mais qu'on n'essaie pas d'analyser. Lisez-la, et vous admirerez, en frémissant, le fanatique qui l'a procréée. Ce n'est pas seulement un beau livre, c'est le livre de M. Georges Eekhoud. Livre qui, je le crois bien, res tera unique et solitaire dans son œuvre, car la passion d'un cœur ne saigne pas deux fois de pareils jets de sang, et le panthéisme de l'Amour n'éclate pas deux fois en un tel spasme, en un tel orage de sanglots et de baisers. Il me reste à signaler, en m'excusant d'être laconique — la Jeune Bel gique n'a que 32 pages, hélas ! — une série de livres récents dont la plupart mériteraient une longue étude. L'éditeur Quantin poursuit la publication des feuilletons dramatiques de Jules Barbey d'Aurevilly, véritables chefs- d'œuvre de critique indépendante, aquiline et fière. J'ai noté certaines pages du Théâtre contemporain qui, après un quart de siècle, demeurent frémis santes de jeunesse et de vie. Et le grand et clair bon sens, le bon sens héroïque qui s'y révèle, est la condamnation sans appel de notre critique abaissée et dévoyée, démangée par les plus petits insectes de Lilliput. Je ne dis pas cela pour M. Anatole France, mais ce n'est pas lui qui m'empêchera, ma foi! de le dire, ni même l'auteur du Théâtre vivant , M. Jean Julien, le critique honnête, et pas trop partial, de ses propres essais dramatiques, et qui s'échine, de midi à quatorze heures, à dégager le symbolisme du natura lisme, ou le naturalisme du symbolisme, je ne sais trop lequel; ni surtout cet excellent et sympathique interviewer batave, M. Byvanck. Son livre est intitulé : Un Hollandais à Paris A Pontoise, Monsieur, à Pontoise ! Combien je préfère les à peu près de Willy, car le calembour, surtout lorsqu'il est, comme les équations, du deuxième ou du troisième degré, constitue, si j'ose employer le jargon parlementaire, une présomption de capacité! J'aimerais même à voir quelques calembours dans l'Entraîné, le roman de M Maurice Quillot. qui, sans être David, met dans sa fronde les petits livres de M. Maurice Barrès, ce qui n'est dangereux pour aucun Goliath Force m'est de citer, plus brièvement encore, l'Habit d'Arlequin, un livre alerte de M. le baron Arnold de Woelmont, l'apparition, dans la Bibliothèque du Saint-Graal, des Liturgies intimes de M Paul Verlaine, éloquents retours de Sagesse, ornés d'un magnifique portrait de Pauvre Lélian, par M. Louis Hayet, et la Synthèse de l'Antisémitisme, de M. Ed mond Picard, un livre dont je puis louer la forme pittoresque et nerveuse, mais dont la critique n'est pas de la compétence d'une revue d'art. ALBERT GlRAUD