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Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/234

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MEMENTO Notre collaborateur Maurice Desombiaux a fait, au Cercle littéraire de Gand, une conférence sur les Lettres belges contem poraines. Voici comment le Journal de Gand apprécie la conférence et ie con férencier : « M. Desombiaux a débuté franchement en administrant une volée de bois vert à MM. Frédérix et Potvin, les deux critiques qui ne voient — il faut bien l'avouer — que parles yeux des journalistes français. Pour eux la littérature est « un oiseau qui vient de France». M. Desombiaux a caractérisé la nature spéciale et nationale du mouve ment littéraire de ces dernières années, mouvement qui a commencé avec Octave Pirmez, De Coster, qui s'est continué avec Waller et la Jeune Belgique. L'apparition de cette revue a provoqué une pluie de railleries et le public — toujours très cha ritable — a tenté tout pour décourager et dessécher l'initiative de ces jeunes hommes. Avec beaucoup de sagacité, le conféren cier a examiné les différents talents qui s'épanouirent chez nous : Camille Lemon- nier, Edmond Picard, G. Eekhoud, E.Ver- haeren, A. Giraud. M. Maeterlinck, Valère Gille, Eug. Demolder, Henry Maubel, Hubert Krains, Gilkin, etc., écrivains dont les œuvres affranchies des poncifs sont d'une marquante personnalité, mais que d'aucuns — sans les avoirs lues — préten dent hiéroglyphiques. Enfin le conférencier a établi, en quel ques phrases incisives, la différence qui existe entre les écrivains réalistes belges et l'école de Médan, entre le vers belge pure ment descriptif et le vers français presque toujours musical. C'est en rendant hommage à tous ces talents et en signalant la floraison de nou velles revues belges que M. Desombiaux a terminé celte toute franche et sincère con férence. Le même public qui l'autre soir applau dissait M. G. Frédérix a applaudi M De sombiaux. » Est-ce un effet de cette conférence ? La Flandre libérale, naguère si hostile à notre mouvement, se livre, à propos du Jardin de l'Ame, de notre collaborateur Fernand Roussel, à un acte de contrition assez inattentu. Voici un extrait de l'article de la Flandre. Nos lecteurs comprendront notre étonne- ment : « Depuis quelques années, il s'est édité en Belgique et spécialement chez M. La- comblez à Bruxelles, une quantité de volumes de prose ou de vers ayant tous un même caractère : le souci de la perfection artistique. Ce mouvement, provoqué par la Jeune Belgique, est un véritable honneur pour notre pays. Il faut bien l'avouer, les jeunes écrivains ne sont guère prisés chez nous : Nul n'est prophète en son pays, et, comme le faisait remarquer ici même tout récemment mon confrère M. Gustave Abel, le Belge lit peu, et si tant est qu'il le fasse, il préfère la littérature de cape et d'épée ou les romans graveleux de quelques auteurs sans scrupule aux écrits toujours remar quables et parfois charmants uniquement inspirés par le culte du Beau. Le Français, né malin, en agit autrement: il apprécie à leur valeur les talents de nos jeunes poètes et prosateurs, il s'est même chargé parfois de nous faire connaître des beautés de volumes écrits en Belgique et publiés à Bruxelles. C'est un Français, M. Octave Mirbeau, qui s'est chargé, dans le Figaro, de nous révéler Maurice Maeter linck; Camille Lemonnier, notre grand romancier, auteur de ces chefs-d'œuvre qui s'appellent le Mâle, la Belgique, est lu davantage par nos voisins du Midi que par