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Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/249

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—24i— parce que je n'ai pu moi-même devenir ce géant! (Il retombe épuisé sur sa couche.) SKULE (se jette à genoux dans le lit de repos et crie à Hakon.) — Appelez du secours ! Au nom de la divine miséricorde, il faut empêcher à toute force que l evêque meure déjà ! NICOLAS. — Il fait de plus en plus noir! Roi, pour la dernière fois, consentez-vous à partager avec le duc ? HAKON. — Je ne me séparerai pas d'une obole de ce que m'a donné Dieu! NICOLAS. — Le sort en est jeté, alors! (Plus bas.) Tout au moins, abandonnerez-vous la foi. (Il appelle.) Viljam ! SKULE (anxieux). — La lettre! La lettre! NICOLAS (appelant encore sans entendre le duc). — Viljam ! SCÈNE XXIII Les précédents. — Sira ViLJaM. NICOLAS (attire à lui Viljam et lui murmure à l'oreille). — Lorsque je reçus l'extrême-onction, il est bien certain que toutes mes fautes me furent remises? SlRA VlLJAM. — Toutes, depuis l'heure de votre naissance jusqu'au moment où vous avez reçu les saintes huiles. NICOLAS. — Et non pas jusqu'au moment d'expirer? SlRA VlLJAM. — Seigneur, cette nuit vous ne pécherez plus. NICOLAS. — Hum! Qui sait ? Prends cette coupe en or que j'héritai de l'évêque Absalom; j'en fais don à l'église... Puis, récite encore sept grandes oraisons . . SlRA VlLJAM. — Seigneur, Dieu vous recevra en sa miséricorde! NICOLAS. — Encore sept prières, m'as-tu compris, pour les péchés que je commets cette nuit! Va-t'en, va! SlRA VlLJAM (rentre dans la chapelle). SCÈNE XXIV L'évêque Nicolas. — Le roi Hakon. — Le duc SkuLE. Nicolas (se tournant vers Skule). — Duc, si, lisant la lettre du prêtre Trond, vous découvriez que Hakon est le roi légitime, que feriez-vous? SKULE. — Au nom de Dieu, qu'il règne alors en paix! NICOLAS. — Songez-y bien; la chose en vaut la peine. Sondez tous les replis de votre cœur ; répondez-moi comme si vous vous trouviez devant votre juge éternel! Que ferez-vous s'il est le roi légitime? SKULE. — Je m'incline et le sers loyalement. NICOLAS (en grommelant). — Oui-da ! Alors, subissez-en les consé quences ! (A Skule.) Duc, ma faiblesse et ma fatigue sont grandes; je me sens tout attendri, tout disposé à la conciliation.