Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/335

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—327— Ai-je en vain dédaigné ta haine et tes adieux ? Reconnais, malgré toi, que ton âme était folle : Ma force reconquise éclate dans tes yeux. » Elle parle, et voye\! tandis que sa parole Sélève comme un chant dans le soir cristallin, Mes rêves d'autrefois lui font une auréole. O forêts d'où s'en va l'éblouissant déclin ! Tout tremblant malgré lui d'une joie ingénue, Mon cœur exhale ainsi l'aveu dont il est plein : « Est-ce toi que j'aimais? Ou bien, quelle inconnue Trouble si doucement le pauvre qui la voit? Je pensais t'oublier et ne t'ai point connue Que ton cœur offensé pardonne à tant d'émoi ! N'es-tu pas douce et fière ? Et toute liliale ? Je le sens aujourd'hui, je n'ai pensé qu'à toi. Seuls tes cheveux ont ceint ma couronne idéale. Confondant désormais mon rêve et ta douceur Tu t'établis en moi comme une enfant royale. O seule aimée ! Ainsi, tandis qu'un vent d'erreur, Insensé, m éloignait de ta beauté cachée, Tu m'as suivi sans crainte, avec des yeux de sœur, Car, même en le fuyant, c'est toi que j'ai cherchée ! » Fernand Severin