Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/334

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Ses rayons n'étaient plus que des rayons éteints, Ses bruits, que des échos chaque jour plus lointains! Et sa félicité n'égalait point la nôtre ! Le cœur comblé de joie, enivrés l'un de l'autre, Nous succombions tous deux à. la même langueur, Dans la distraction sublime du bonheur ! Or, l'automne était là! Déjà, plein de présages, Un souffle moins discret troublait les grands feuillages; Un nuage inconnu voilait l'hori\on bleu; Dans l'air, autour de nous, passait comme un adieu... II LA DAME D'AUTREFOIS Le calme de son âme offensait mon désir. Ah! fuir, s'il le fallait, en quelque solitude! J'étais las de l'aimer, il me tardait de fuir ! Mais elle, déjouant ma vaine lassitude, D'un regard sans colère à ces adieux ingrats, M'entourait malgré moi de sa sollicitude. « Va! » disait-elle enfin. « Mais, si ton cœur est las, Ne crois pas à ton gré changer ce qui demeure. Quels que soient tes adieux, je ne répondrai pas. n Car, malgré les adieux, l'Amour aurait son heure ! Et voici qu'attestant son éternel pouvoir, La Dame d'autrefois rentre dans sa demeure. Belle comme à souhait, belle comme l'espoir ! Et résumant pour moi dans ses grands yeux étranges L'irréparable éclat de ce dernier beau soir! « Naguère, me dit-elle, enviés par les anges, Nous avons échangé nos cœurs silencieux; Tu ne changeras rien à ces divins échanges.