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Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/412

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-4°4— Et ses fanfares effrénées, Chassant les vautours de leurs nids, Les vieux échos des Pyrénées Chantent : « Montjoie et Saint-Denis ! » Hagardes, les têtes coupées Fleuronnent le fer juste et fort; C'est le menuet des épées, C'est la pavane de la Mort! Puis enfin, par un soir superbe, Les fils du Cid Campéador Offrent à leur vainqueur imberbe Les clefs de laCastille d'or! Et le petit roi, d'allégresse Danse et bat des mains, triomphant... Mais soudain une ombre se dresse Entre le vitrail et l'enfant : Adieu l'Espagne! Adieu la gloire! Sa mère, au sortir du conseil. Dans le deuil de sa robe noire Eteint le rêve et le soleil. JALOUSIE Sous la pourpre d'un soir moribond, d'un soir sombre. D'un soir prestigieux où la lumière et l'ombre, Comme des lèvres sœurs, de massifs en massifs, Echangent en tremblant des baisers maladifs, Dans le jardin royal, témoin d'amours bigarres, Où l'appel rauque et doux de lointaines fanfares Célèbre la splendeur du jour évanoui, Le prince légendaire et le page ebloui Savourent l'indulgence équivoque des choses. Henri songe, et l'enfant, rose parmi les roses, D'un sourire fleuri sourit au roi Henri Victoire! Le beau prince aux yeux tristes a ri!