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Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/428

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—42°— « Le premier effet produit à sa vue n'était pas accentué, Une s'imposait pas : cette jeune femme de vingt-huit ans n'avait pas les qualités brillantes qui/ont sensation dans un groupe, qui excitent l'intérêt des MESSIEURS, toujours à l'affût des formes plastiques sensationnelles. Elle ne séduisait point; ce n'était point unefemme pour le coup defoudre. » Et enfin l'épisode émouvant où l'on découvre le vice solennellement évident et respectablement expressif te la mère de l'avocat : « Une porte de communication existait entre la chambre des époux et ceHe de la belle-mère. Mme Liétenard l'ouvrit doucement. La vieille dame se leva comme un ressort ; elle se tenait près d'un gué ridon placé contre la fenêtre. Sur le guéridon, il y avait un flacon et un verre. La vieille dame fit un pas pour cacher le guéridon aux yeux d'Alice. « J'ai vu, maman, dit-elle. Allons, donnez-moi ce flacon et ce verre. — Ils sont à moi. — Oui; mais vous savez pourquoi je vous les demande. Ce que contient ce flacon finira par vous tuer, et nous devons veiller sur votre vie et sur votre santé comme si vous étiez un enfant. — Ma fille, vous me manquez de respect. Elle se redressait, elle prenait son air le plus imposant. Ses yeux brûlants et troublés avaient la fixité des yeux d'une folle. Ses doigts, appuyés à sa ceinture, tremblaient et s'enlaçaient mollement. Alice s'approcha du gué ridon et, avec une tranquille autorité, s'empara du flacon qui y était déposé, qu'elle déboucha et flaira. « Mais c'est de l'eau de Cologne, dit-elle, stupéfaite. — Excellente! dit la vieille dame, et, sur ses lèvres minces, apparut une sorte de sourire. » Le monsieur qui a écrit ça est critique littéraire à la Chronique et inspecteur du département des Beaux-Arts. Albert Giraud