Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/437

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—429— Mais enfin, malgré toi, je renais à moi-même ! Un chant s'est élevé de ce pays suprême Où la fleur de ma gloire est à cueillir encor, Et la voix orageuse et plaintive du cor Éclate longuement dans la forêt troublée, Comme le premier cri d'une âme réveillée ! Jè m'en vais donc Pour toi, dont l'énervant amour Aura retardé trop ce grand, ce noble jour, O reine d'un moment! Si ton cœur resté tendre, Affligé d'un destin qu'il ne saurait comprendre, Malgré tout mon dédain me poursuit de son deuil, Que mon erreur au moins te reste pour orgueil! Fernand Severin LES AIGLES Quelle nuit étendit sa moire sur leurs ailes? Quel noir souterrain se referma sur eux? Pourquoi, las de l'a\ur, les aigles majestueux Ont-ils fui les caravelles De blancs nuages flottant au ciel? Aveuglés d'ombre, les contemplateurs du soleil Enveloppés des ténèbres de la terre, Sur le roc crispent leurs serres Et sous les voûtes battent des ailes Pour retourner vers les hautes demeures. O là-bas, quand ils planaient dans l'immensité De l'espace! quand ils passaient, Les yeux en flammes, dans les profondeurs De l'Ether, parmi des flottes de soleil, Tout noirs dans la lave du soleil!