Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/451

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—443— Le Salut par les Juifs est l'exposé, en périodes grandiloquentes, de cette thèse : que la persistance de la race juive, et sa domination par l'argent sont voulues par la Providence, afin d'engendrer, quand l'abomination sera à son comble, le Paraclet définitivement rédempteur. « La Passion recom mencera au carrefour et à l'ombilic de tous les peuples et les sages appren dront que Dieu n'a pas fermé ses fontaines, mais que l'Evangile de sang qu'ils croyaient la fin des révélations était à son tour, comme un Ancien Testament, chargé d'annoncer le consolateur de FEU ». J'avoue mon incompétence absolue pour apprécier cette opinion au point de vue catholique; mais l'argument de texte, la phrase de l'Evan gile ; Salus ex Judeis est, me paraît faible, étant donné que PAR ne traduit qu'imparfaitement ex, lequel exprime plus précisément la prove nance, l'extraction : Le salut vient du milieu des juifs, Jésus est né parmi les juifs. L'autre raison, la spirituelle, que le Paraclet doit naître parmi les juifs à cause de leur abjection même, me semble surtout une séduisante antithèse. Mais si je ne me déclare pas convaincu, je ne veux méconnaître la grande allure esthétique de ce volume par lequel Bloy s'apparente aux prophètes et qui le montre capable de plus hautes besognes que les coutumiers déver sements d'ordures lyriques sur ses contemporains. Le livre abonde en images pompeuses, en épithètes magnifiques, en phrases opulentes; il réjouira ceux qu'écœure la banalité nauséeuse des journaux et des proses publiques : les dernières pages surtout, qui planent si bellement, car je trouve que l'éreintement de Drumont, au début, eût gagné à être réservé à quelque périodique et ne pas amoindrir de sa contin gence la fière unité d'un livre se voulant absolu. J. D. Les Amants de Taillemark,paT Maurice Desombiaux, Bruxelles. Monnom. — LeLivre du jugement, par Alber Jhouney. Paris, Comptoir d'édition. — Vers et Prose, par Stéphane Mallarmé. Paris, Perrin. — Noélsfin-de-si'ecle, par Th. Hannon et A. Lynen. Bruxelles, Lacomblez. — Bobin, par Febnand Baudoux. Paris, Savine. — Mon Amant, par Henry Kistemaeckers fils. Paris, Marpon et Flammarion. — L'Ennemi des lois, par Maurice Barrés, Paris, Perrin. — Les Disciples d'Emmaûs, par Théodore de Wyzewa, Paris, Perrin, — L'Etui de nacre, par Anatole France. Paris, Calmann-Lévy. — La Terre promise, par Paul Bourget. Paris, Lemerre. Parmi les écrivains de la dernière génération qui ont, à des titres divers, attiré l'attention de la critique, M. Maurice Desombiaux s'est affirmé comme un des fidèles du poème en prose. Mais si les Chants des jours lointains et Vers de l'espoir prouvent qu'il a cultivé, non sans quelque honneur, ce genre ambigu et perfide, M. Maurice Desombiaux ne paraît pas encore sûr d'avoir trouvé la voie qui lui convient. Il hésite, et ses hésitations sont inté ressantes. Après avoir tâté du poème en prose, il a essayé du poème en vers, réguliers d'abord, irréguliers ensuite, et le voici maintenant qui nous apporte un drame légendaire en trois actes, Les Amants de Taillemark.