Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/63

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—55— Et l'appel tendre dans la nuit doucereuse A captivé Celui de qui la joie en l 'âme lasse Du jeu des vains baisers à des lèvres fugaces Vers le rêve de nulle âme d'une joie éblouie En l'hiver âpre s'était enfuie. Et tous deux sur la terrasse de délices Et dans l'orgueil de floraisons dernières Nous buvions les subtiles blandices D'aromes frissonnants vers une lune printanière. Endormie en un terroir de la magie Tu n'es plus qu'un vestige de rêve Qui me hante en mes soirs sans trêve Par l'hiver vrai de glace où je me réfugie. Loin du mirage et des folles ardeurs Et des jardins d'illusoire Ta présence S'est brusque déniée à l'espoir de mes désirs, Les doigts tendus vers le triomphe de saisir Le faste blond de Ta chevelure d'indolence. Et le sol fut de glace où la bise courait Et Ta présence dont la douceur m'attirait Ne me fut plus qu'un leurre! Et par les nuits et dans les nuits de l'année Mon âme se souvient de Tes jardins et pleure Vers Ton âme d'amour, Ame prédestinée! Mais sous la lune mélodieuse Où Tu éludes l'étreinte de mon désir, Magicienne trop oublieuse, De la brume et de la lune en la nuit silencieuse Sur la terrasse d'illusoires délices Et de Ta mauvaise magie Tu n'as gardé nul souvenir, O l'Endormie en un terroir de maléfices! ANDRÉ FONTAINAS