Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/66

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—58— Parfois des passants passent, Des passants qui la plaignent. « Que tu dois être lasse, O triste, ô pauvre Reine. » Pourtant une voix chante Dans la cruelle tour : C'est la Vierge qui chante Son glorieux amour. « Doux Chevalier de rêve, Doux Archange Michel, Tu viens des belles grèves Et des flots immortels. En ton armure pure Dont les rais t'auréolent, Tu viens, et tu murmures De joyeuses paroles. Et moi, je te regarde De mes yeux éblouis, De mes yeux que tu charmes, Clair vainqueur de la nuit. Tu m'apportes des voiles De lumière et de feu Et tu fleuris d'étoiles Ma robe et mes cheveux. Mon manteau est de lune Ou de matin vermeil; Tes mains chères m'allument Des torches de soleil. Et, le soir, tu m'envoies Les Saintes pour berceuses : Oh, je connais les joies Des Vierges bienheureuses. »