Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/84

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-76- Se bombent les poulpes bulbeux, Gonflés de haines et de ruses, Ou les ballons mous des méduses Et les mollusques sirupeux, Ainsi, tes horribles viscères S'enflent d'un hideux mouvement, Hélas! à l'épouvantement De mes pauvres yeux trop sincères! Eponges rouges, tes poumons Palpitent dans la liqueur rouge ; Un paquet de membranes bouge Comme un bouquet de goémons. Ta vessie irise son globe - Comme un acalèphe opalin; Ver monstrueux, ton intestin Tourne, retourne et se dérobe. Tout est baveux, tout est gluant, Dans cet amas d'horreurs immondes, Dont, ô pestilences profondes, Sort un hoquet rauque et puant. — Voilà donc ta beauté divine Et ton sourire adamantin, Et ta chair où le frais matin Fleurit, parfumé d'aubépine! Voilà l'aimant de mes baisers, Voilà le vin de mes ivresses, O toi, les pleurs et les caresses De mes désirs inapaisés! II Tout à coup, comme en la tourmente. Passe un cri d'oiseau sur les flots, Sur la houle de mes sanglots Ta voix souffrante se lamente.