peigne et retractile en cette captivité, enfin libre d’épandre le tourbillon parfumé des poudres et la pluie des ors et, après le repos sur le sopha réveil et à l’oreille les plus beaux contes des orients, le verbiage galant et naif des princesses enchantées aux palais des fées malignes...
Une dernière bestiole a accompagné longtemps le véloce carrosse. Elle a
tourné autour du falot, passé et repassé dans le rais de lumière en éventail
qui semblait jouer avec elle et l’écarter vers la nuit où tintaient, à travers la surprise des villages endormis, les sonnailles des harnais et le fragile cristal des vitres.
La route par côtes et descentes entre des champs, des bois et des haies,
la double balustrade des ponts sonores et caillouteux, la route en
chaussées d’étangs et en coupures de montagnes sous la nuit stellaire et le
vent s’étranglant aux défilés et pleurant aux feuillages.
Les bornes, une à une, blanches dans l’ombre, les poteaux aux carrefours, le mendiant du talus, disaient que nous allions vers le château de
Lucile.
L’aube s’est levée sur des terres et des villes plus inconnues et de hautes
montagnes. Les chevaux flairent par delà les rochers et les horizons la
demeure des bonnes pâtures et des orges joyeuses.
Est-ce parmi des fleurs que sourira son visage au péristyle, est-elle venue
jusqu’au tournant de la route pour guetter l’arrivée du voyageur, la tête
poudrée du postillon, l’éclair des fouets ou le cri des cornes ?
Le soleil décline ; la berline roule toujours sur le chemin ; la longue
traite a défrisé la perruque du postillon, emmêlé les crinières des chevaux,
et la poussière entrée dans l’œillette des grelots assourdit leurs sonneries.
Cependant c’est là, je le sais ! quelque chose m’assure que c’est parmi ces
bois que se cache au bout des routes, parmi les eaux et les jardins, le château de Lucile.
Quelque fusée merveilleuse jaillie en crépitant parmi de soudaines musiques en ce crépuscule va épanouir un radieux bouquet de pétales d’or et de diamants d’étoiles, et signaler, au dessus de ces futaies où bruira une
pluie de rires et de sources, l’approche des frontons et des toits.
Le soir est tiède et silencieux. Où se sont donc posées les blanches
colombes qu’elle me contait tourner en collier ailé et laisser choir, parfois, de leurs becs des opales dans les vastes lacs glauques ?
Que leurs ailes seraient douces, où est donc le signe de leur présence ?
C’est là ! la route se termine à de hautes pierres levées qui barrent une