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Page:La Justice du Var, année 6, n° 452 (extrait), 10 août 1890.djvu/7

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n’étaient surtout méprisables, car c’est précisément pour avoir froissé, sacrifié trop d’intérêts personnels au profit de l’intérêt général — dans toute cette longue route, à travers tant d’incidents divers — que j’ai récolté chemin faisant un bouquet de sentiments fort éloignés de la bienveillance.

J’ai fondé un journal pour servir la politique de réformes. Notre plate-forme, c’était la République par l’application de ce qui a constitué notre parti : le vieux programme républicain. Développer l’action du suffrage universel, accroître son efficacité par la plus large diffusion de l’instruction à tous les degrés ; mieux répartir les charges publiques ; débarrasser l’individu des vieilles entraves monarchiques qui l’enserrent. Vis-à-vis de l’Église, la liberté de conscience, la sécularisation de l’État. Dans le domaine économique et social, rechercher le principe par se résume tout le programme républicain : la Justice. Enfin, pour refaire la France vaincue, ne pas gaspiller son sang et son or dans des expéditions sans profit. Voilà ce qu’on a osé appeler une politique antipatriotique.

Qu’on ouvre le journal depuis quinze ans, on n’y trouvera pas autre chose.

Pour l’œuvre commune, j’ai fait appel à des hommes qui, depuis se sont distingués au premier rang. Peut être estimera-t-on quelque jour que la Justice a utilement essaimé dans le parti républicain. Quoi qu’il en soit, elle n’a jamais reculé dans la bataille contre les privilèges de tout ordre. Et depuis sa première victoire — l’amnistie de la Commune — elle est toujours restée fidèle à la cause des déshérités. (C’est vrai ! C’est vrai !)

Seulement, un journal qui se consacre à défendre un corps de doctrines n’est pas en faveur aujourd’hui auprès d’un public qui veut avant tout des informations rapides et relevées d’épices. Donc, la Justice fut une mauvaise affaire. Comme ce n’était pas une affaire, à travers tout, je continuai.

Il faut apparemment de l’argent pour faire un journal. Nous a-t-on reproché d’avoir jamais subi la servitude de l’argent ? Qui a été plus ardent que nous contre les monopoles et les privilèges de la haute banque ? Qui s’est montré plus résolu, en toute occasion, contre la féodalité financière ? Quand se discutèrent les fameuses conventions de M. Raynal, combien de journaux nous suivirent contre les grandes Compagnies de Chemins de fer ?