Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/112

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— Il ne me convient pas, chevalier, d’imiter votre Nathan-la-Flibuste en me faisant passer pour un demi-dieu.

— Mordicus ! vous n’êtes Dieu ni prophète, vous… je n’ai pas promis de miracles ; contentons-nous d’en faire. Comment, Flèche-Perçante, à votre aspect, s’écrie la première : – « Zaffi-Ramini !… » Elle se figure à propos de je ne sais quelle ressemblance, que vous descendez du grand prophète des indigènes, et je l’aurais démentie ! Prouvez-moi d’abord à moi-même que vous n’êtes pas Zaffi-Ramini…

— Voici qui est fort ! répartit Béniowski en riant, prétendriez-vous me faire adopter, à moi aussi, votre invention fantasque ?

— Fantasque, non ; politique, à la bonne heure… Quant à savoir si c’est mon invention, je déclare que je n’ai rien inventé, moi ! J’ai simplement adopté l’opinion de Flèche-Perçante et je n’en démordrai pas. Aussi vrai que Ramini n’était point de la race d’Adam, aussi vrai, général, vous provenez en ligne directe et de mâle en mâle de cet aimable prophète…

— Une imposture n’en prouve pas une autre.

— Sans être fort en grec dont je ne sais qu’un mot que je croyais latin, je vous répondrai, général, que deux négations valent une affirmation. Et puis, ou bien Ramini n’a jamais existé, auquel cas vous descendez de lui tout autant que n’importe quel rohandrian des Antavares ou des Matatanes, – ou bien Ramini a véritablement vécu, et c’est ici que je vous attends… connaissez-vous bien la légende ?

— À merveille, chevalier, je l’ai lue récemment encore dans l’Histoire de Madagascar, par le vieux Flacourt, votre digne prédécesseur.

— Mais, Mademoiselle ?

— Non, monsieur le chevalier.

— Eh bien ! dans le temps que Mahomet habitait la Mecque,