Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/111

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VI

ZAFFI-RAMINI.


— Ne badinons pas, mon général, je vous en supplie à deux genoux, foi de soudard… pas d’excès de vertu, mordious ! disait le chevalier du Capricorne avec chaleur.

— Mais, objectait Béniowski, la généalogie que vous me fabriquez est une imposture ; je ne descends pas plus du prophète Ramini que de la lune…

— Ah ! si vous descendiez de la lune, je me passerais bien de Ramini et de toute sa respectable famille. Raisonnons, au nom du ciel, et ne dérivons pas.

— Chevalier, je vous écoute.

— Poursuivez, capitaine, dit Aphanasie.

— Bref, depuis le commencement de la campagne, vous êtes la vertu en chair et en os ; aux Aléoutes, au Japon, à Formose, votre vertu, général, nous a souvent coûté cher. Ne recommençons pas, je vous en prie, à Madagascar. – N’allez pas me démentir, ou je suis un homme perdu ! Les aventuriers et les Malgaches sont tout disposés à me croire. Franche-Corde, Jean de Paris, Brise-Barrot, et même Colletti le Napolitain m’ont pris au mot. Sans-Quartier et Jambe-d’Argent y mettent une bonne volonté parfaite. Flèche-Perçante, ma future épouse, est convaincue ; déjà des peuplades fanatiques sont prêtes à vous adorer… Et vous iriez leur dire que vous n’êtes pas du sang de Ramini ! Zaffi-Ramini !