Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/116

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main ce prophète pour bisaïeul !… Vous verserai-je du rhum dans votre thé ?

— Volontiers, capitaine.

— Ne refusez pas mon Ramini, que diantre !…, il n’est pas si difficile à digérer !…

Plus encore pour satisfaire le brave chevalier du Capricorne que pour assurer son autorité sur les tribus du midi, Béniowski consentit à passer pour descendant du prophète.

Le chevalier, du reste, fit la leçon à Flèche-Perçante, sa précieuse amie et au sergent Franche-Corde, à jamais guéri de ses velléités ambitieuses.

— Capitaine, disait le grognard, si vous nous restez, je reste…, mais si vous repartez… J’aimerais mieux me noyer ou me pendre que de reprendre le commandement du fort.

— Franche-Corde, mon vieux, tranquillise-toi !… Au résumé, tu m’as rendu la place…

— Non ! c’est Colletti le Napolitain qui vous l’a rendue…

— Tu nous as ouvert la poterne de mer, Franche-Corde.

— Par chance !

— Tout est chance !… N’ai-je pas eu celle de ramener Ra-Zaffi-Ramini…

— Ra-Zaffi-Ramini… Est-ce que ce n’est pas une couleur, capitaine ?

— Voyons, sergent… Crois-tu que j’aurais quitté Fort-Dauphin sans de bonnes raisons ?… Crois-tu que la Douairière du vicomte de Chaumont est venue ici pour rien ?… Les Béniowski sont Polonais, mais la Pologne est flambée ; alors, le comte ici présent a retrouvé dans ses papiers de famille la preuve qu’il devrait être chef des chefs en Madagascar. Il allait partir de Hambourg avec son ami le vicomte pour venir ici, quand la guerre a éclaté là-bas. Impossible de déserter le champ d’honneur, pas vrai ?