Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oui, capitaine.

Mais il est fait prisonnier, exilé au Kamchatka, perdu à tout jamais pour Madagascar…

— Compris ! fit le sergent, qui appartenait à cette race d’aventuriers crédules, auxquels les Nathan-la-Flibuste imposent si aisément leurs dogmes fanatiques.

Il y eut bien dans la garnison plus d’un sceptique ; mais la légende de Zaffi-Ramini arrangeait tout le monde. La paix était faite. Dian Tsérouge, père de Flèche-Perçante, naguère si déterminé à ne point laisser au Fort-Dauphin pierre sur pierre, mettait ses serfs et ses esclaves à la disposition de son futur gendre le capitaine et du sublime descendant de Ramini, le comte de Béniowski, dont l’histoire se propageait de district en district.

La Topaze avait amené de l’île de France une trentaine d’ouvriers ou de volontaires, un aide-chirurgien et un maître maçon fort habile. Les blessés furent pansés avec soin, les fortifications réparées, les tentes remplacées par toutes les constructions nécessaires.

Une écurie bien aérée reçut les chevaux que Béniowski avait eu soin d’acheter, comme s’il eût pressenti l’effet qu’il devait produire sur les naturels, quand montant son beau cheval blanc, il sortirait du fort pour la première fois. On était approvisionné de munitions de tous genres. Les libéralités du chevalier, devenu opulent et toujours magnifique, ne manquèrent pas de produire leurs effets.

De plusieurs parties de l’île arrivèrent des députations qui venaient solliciter la bienveillance du grand chef issu de Ramini.

Béniowski les assembla dans le fort.

— Il allait, leur dit-il, partir pour contracter alliance offensive et défensive avec le roi de France en personne. Et il reviendrait