sous prétexte qu’en acceptant le legs de la starostie, Maurice avait perdu ses droits à la seigneurie de Verbowa.
Rien de moins fondé ; Maurice se rend en Hongrie ; à son arrivée on lui refuse durement la porte du château où il est né. L’offense était cruelle ; il jure de se venger, et au lieu de s’adresser aux lois, n’hésite point à se faire justice lui-même.
À l’armée, Béniowski avait montré du courage et une remarquable aptitude au métier de la guerre, mais ici éclate son caractère entreprenant, dont l’expérience n’a pas encore tempéré la fougue. Il court à Krusrova, dépendance seigneuriale de son domaine, s’y fait reconnaître par les vassaux comme fils et légitime héritier du comte Samuel ; il les harangue, les émeut, s’assure de leur fidélité, les soulève et les arme en sa faveur. En plein dix-huitième siècle, il dirige une véritable expédition des temps féodaux, met le siége devant le château de Verbowa, le reprend, en chasse les usurpateurs et y rentre enfin – et par droit de conquête et par droit de naissance.
Ce double droit pourtant ne parut pas suffisant à la cour de Vienne, où ses deux beaux-frères s’étaient empressés de le dénoncer comme perturbateur du repos public. Il est certain que les procédés expéditifs du comte Maurice pouvaient aisément être interprétés en mauvaise part. On les représenta comme une révolte ; on dépeignit comme très dangereux un jeune et riche seigneur capable de soulever d’un mot toute une population. À ces imputations s’ajoutaient, sans doute, des griefs plus sérieux : Béniowski, polonais d’origine, et redevenu staroste lithuanien par l’héritage de son oncle, avait hérité des rancunes du roi Stanislas Leczinsky contre la Russie ; le cas échéant d’une levée de boucliers, il était homme à entraîner ses vassaux hongrois, sujets de l’empire, dans la cause polonaise.
Béniowski fut condamné sans avoir été entendu. Une sen-