Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/13

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tence de l’impératrice-reine le dépouillait de tous ses biens ; sa liberté même fut menacée ; il dut s’enfuir précipitamment en Pologne. De là, il eut beau adresser des mémoires à la cour d’Autriche, ce fut en vain ; ses ennemis étaient puissants ; ils interceptèrent sa correspondance et s’affermirent dans leur usurpation.

Les biens immenses que le jeune staroste possédait en Lithuanie lui permirent cependant de se livrer à ses goûts pour les voyages et la marine. Il se rendit à Dantzick, où il s’occupa fort assiduement d’acquérir des connaissances spéciales en navigation. Il se proposait, dès lors, de parcourir les mers, d’y faire des découvertes, de devenir un aventurier célèbre.

Les événements parurent bientôt le conduire dans une direction différente : la guerre et la politique allaient donner un autre aliment à sa prodigieuse activité ; mais sa destinée bizarre devait, un jour, l’entraîner à réaliser les projets de sa jeunesse.

Pour compléter ses études maritimes, il se rendit successivement à Hambourg, Amsterdam et Plymouth, il visita une grande partie de l’Europe, enfin, il allait partir pour les Indes, lorsque des intérêts d’un ordre supérieur le rappelèrent en Pologne.

Antérieurement, toutefois, il avait songé un instant à passer en Suède, et il n’aurait pas hésité si elle avait eu pour souverain un second Charles XII ; la France lui parut préférable. La noble et vénérable fille du roi Stanislas, Marie Leczinska, sa parente assez rapprochée, était sur le trône ; il fit un voyage à Versailles et allait obtenir un régiment de cavalerie, quand un maudit duel le mit en disgrâce.

— Quel duel ? demanda Salomée, la seconde fille du Magyar Casimir Hensky devant qui le vicomte de Chaumont-Meillant