— Parbleu ! ça ne se voit-il pas à l’air de famille ? Elle a eu aussi sa part de chagrins ; je ne vous en souhaiterais pas le quart, mère Michel, pour la rémission de tous vos péchés.
— Parlez des vôtres, sergent !…
— Silence, mère Michel, allez-vous vous fâcher maintenant ?
— Comment appelez-vous ce beau gentilhomme, sergent ?
— Lequel ?
— Mais le nouveau marié, donc ?
— Etes-vous né d’hier, père Martial ? Voici quinze jours que je vous conte nos campagnes, et vous ne le reconnaissez pas ?…
— Tu nous en as tant et tant conté…
— Tiens ! tiens !… une princesse mauricaude !…
— Oh ! oh ! quel est cet autre avec sa face de pain d’épice et une abeille sur la joue ?…
— Mon capitaine, notre major, un solide !… Si vous le voyiez sans chemise !
— Fi, l’horreur !
— Tatoué à la mode du Brésil ; rien que ça !… Et brave à se battre seul contre cent Anglais… La princesse noire est sa femme, qu’a baptisée le révérend père Alexis, notre missionnaire, qui s’en revient de Rome pour bénir le mariage de tout à l’heure.
— Que d’histoires ! que d’aventures inimaginables ! On s’y perd.
— C’est là le charme !…
— Mais quel est donc cet étranger en uniforme d’on ne sait quel pays ?
— Vous devriez reconnaître le capitaine de vaisseau russe M. Karl Marsen qui, comme je vous le disais, a ramené en France madame de Nilof et son plus jeune fils M. Alexandre frère de la mariée naturellement.