Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/123

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— Voyons ! retrouvons-nous un brin. Moi, sergent j’en suis à la fameuse trombe qui sépara si terriblement les beaux fiancés dont on célèbre le mariage.

— Toujours des explications !

— Dame ! on aime à comprendre !

Le canot se brisa sur les rives de Formose, où la jeune fille devait être hospitalièrement secourue par des missionnaires catholiques.

Plusieurs matelots disparurent à jamais.

Le vicomte et quelques autres, après avoir coulé au fond, se retrouvèrent à la surface des flots auprès de leur embarcation chavirée.

Les courants rapides du reflux, qui, à la même heure, laissait à sec la carcasse du Saint-Pierre et Saint-Paul, emportèrent les naufragés vers le Midi. Une barque formosienne de la flottille du roi Huapo, chassée elle-même par la tempête hors de la route qu’elle suivait, recueillit le vicomte et ses gens, et peu de jours après, ils prenaient terre dans ses domaines. – Le vicomte s’y rétablit. Désespéré de la perte d’Aphanasie, qu’il crut, de son côté, victime de la catastrophe, il ne tarda pas à se mêler avec une véritable fureur aux nouvelles guerres qui ensanglantaient la contrée.

Cependant, sur les instances de l’évêque de Mitélopolis, la Pomone, commandée par Kerléan, s’était rendu à Usmay-Ligon pour y prendre le Père Alexis qui, dans l’intérêt des missions catholiques de l’Extrême-Orient devait être envoyé à Rome. À Formose, au retour, le vicomte providentiellement retrouvé par le révérend père Alexis, eut le bonheur d’apprendre de la bouche de Kerléan, comment Aphanasie, elle aussi, avait été sauvée. Transports de joie ineffable, suivis bientôt d’un nouvel embarquement et puis d’une relâche au Fort-Dauphin, très peu de temps après le départ de Béniowski et d’Aphanasie.