Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/131

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légion de douze cents hommes, qu’il crut devoir réduire à trois cents, et l’on avait équipé pour lui à Lorient la corvette de charge la Marquise de Marbœuf.

Mais, quand tout était prêt à Versailles, où il devait faire ses dernières visites officielles, le duc d’Aiguillon, attendu par le roi, ne put que lui faire souhaiter bon voyage. Comme par fatalité, ses autres protecteurs, MM. de Choiseul et de Saint-Aubin furent introuvables.

Le ministre de la marine, M. de Boyne, et le sieur Audat, son premier commis, semblèrent s’être concertés pour jeter le découragement dans son cœur :

« Occupés d’affaires importantes et pressées, ils ne pouvaient conférer avec lui de sa mission ; mais les chefs de l’île de France avaient reçu à cet égard les instructions nécessaires. »

— Je ne dépends pas de ces Messieurs, pourtant ! objecta Béniowski.

— Non, sans doute, répartit le ministre, mais l’île de France est une colonie organisée. De vos bons rapports avec M. de Ternay, le gouverneur, et M. Maillart du Mesle, l’intendant, dépendra par le fait le succès de votre entreprise…

— Et si ces Messieurs y mettent de la mauvaise grâce ?…

— M. le comte, interrompit le ministre avec aigreur, la supposition que vous faites est blessante pour le gouvernement du roi. Ces Messieurs que j’ai nommés moi-même à leurs postes sont dignes de toute notre confiance.

Béniowski se contint et demanda le brevet régulier de gouverneur du Fort-Dauphin qu’on lui avait promis depuis deux mois pour le major du Sanglier.

— Adressez-vous au premier commis ! répondit le ministre avec brusquerie.

M. Audat, le premier commis, déclara qu’il n’avait pas reçu l’ordre, ne remit pas le brevet, reparla de MM. De Ternay et Mail-