Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/132

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lart en termes élogieux, dit à Béniowski que ses éternelles réclamations au sujet d’un sieur Estève Finvallen, inconnu au ministère, étaient sans fondement, et passa dans le cabinet du ministre, laissant le général dans un état de stupéfaction difficile à décrire. Une évidente mauvaise volonté se manifestait au dernier moment.

Béniowski fut tenté de retourner à Paris ; mais, tout-à-coup, il fut accosté dans le salon d’attente par un officier de la marine, alors en grande faveur, qui le salua cordialement en se félicitant de le rencontrer. – C’était Yves de Kerguelen, récemment nommé lieutenant, capitaine de vaisseau, en récompense de ses découvertes australes. Quoique le grade de capitaine de frégate existât alors dans la marine en vertu de l’ordonnance de 1765, l’enthousiasme excité à Versailles par les récits du navigateur breton, fut tel qu’on l’éleva d’emblée au grade supérieur, – ce qui explique comment le baron de Luxeuil put hiérarchiquement se trouver sous ses ordres.

Le Roland, vaisseau de ligne de 64 canons, – genre de navire fort peu convenable pour une campagne d’exploration, – et la frégate l’Oiseau, commandée par le lieutenant de Rosnevet, étaient en armement à Brest. Kerguelen, avec ces deux navires, avait mission d’aller reconnaître d’une manière plus exacte le continent dont il se flattait d’avoir fait la découverte. Dès que Béniowski l’eut mis au courant de sa déconvenue :

— Renoncez absolument à vos projets, lui dit-il, ou partez sur-le-champ, je vous le conseille. Audat est compère et compagnon de Pierrefort et de plusieurs des autres drôles dont vous avez à vous plaindre. On vous en veut beaucoup ici de la protection avérée des Choiseul et de monseigneur le Dauphin…

— Je pars donc, sans retard !… Et Dieu fasse que nous nous retrouvions au delà des mers !

— J’irai nécessairement faire des vivres à Madagascar, dit