Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/140

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de solliciter ; – il passait ses journées au milieu des soldats, mettant tout en œuvre pour détruire les effets des bruits malveillants répandus contre l’expédition et distribuant de menues faveurs qui lui rendirent les sympathies de la plupart des volontaires. – En même temps, il fit publier dans Port-Louis qu’il était disposé à enrôler tous les gens de métier qui se présenteraient.

Sur quoi, défense absolue aux gens de l’Île-de-France de se ranger sous ses ordres. M. de Ternay déclara formellement qu’il ne voulait plus entendre parler de l’expédition de Madagascar, et l’intendant Maillart du Mesle eut cartes blanches.

Tout à coup Vasili, qui ne cessait de guetter la mer, se présente devant le général.

— Navire à petit perroquet noir ! dit-il.

— Six grandes barques de louage sur-le-champ ; pars avec Jupiter et Vent-d’Ouest ; qu’on attende au dernier embarcadère !

— Maurice ! dit la comtesse, je ne veux pas mourir dans ce pays, loin de vous !… Emmenez-moi, dussé-je expirer avant d’arriver à Madagascar.

— Mais nous n’avons ni maisons, ni tentes dans le pays où je vais…

— Qu’importe !… ne nous séparons plus, jamais !… jamais !

Alexandre de Nilof fait emporter en litière la comtesse mourante ; il l’accompagne au bord de la mer et conduit par la main le jeune Wenceslas. Quelques nègresses se chargent des effets les plus précieux.

Béniowski est à cheval à la tête de sa légion, qui défile sac au dos, enseignes déployées.

— Où va-t-elle ? – Aucun navire du port n’est prêt à la recevoir. – C’est un exercice, – un simulacre d’embarquement,