Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/142

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appareilla sur-le-champ, pour se poster en travers des six chaloupes de la légion-Béniowski. – Le gouverneur allait de sa personne arrêter le colonel et renvoyer ses troupes à terre.

Au même moment, un signal fort inusité dans nos possessions de l’Inde, à cette époque de décadence navale, fut arboré au sémaphore de Port-Louis :

« Vaisseau de ligne ; – Frégate du roi ; – Trois-mâts marchand ; – Barque longue de Madagascar. »

Ce signal fut traduit aisément pur Béniowski.

— Je comprends ! s’écria-t-il avec joie.

— Hâtons-nous ! dit M. Maillart au gouverneur, voici évidemment la division Kerguelen ; il serait déplorable que l’honorable commandant fût témoin de ce que nous allons faire ici.

Mais les chaloupes étaient fort loin déjà ; l’appareillage du Postillon avait été lent, et la fraîche brise du large qui favorisait la division Kerguelen contrariait les manœuvres du brig forcé de louvoyer dans un espace étroit.

Le vaisseau le Roland de 64 canons, et la frégate l’Oiseau, suivis du Desforges et de la barque de Sainte-Marie qui avait amené Sans-Quartier et Jambe-d’Argent, parurent à l’ouvert des passes, à l’instant où M. de Ternay, de la dunette du Postillon, criait à Béniowski :

— Au nom du roi, colonel, je vous somme de monter à mon bord.

— Au nom du roi, monsieur le gouverneur, répondit Béniowski, je proteste contre cette sommation.

— Je vous rends responsable du sang versé ! répliqua le gouverneur. Obéissez, Monsieur, ou ce navire ouvrira le feu sur vos chaloupes.

Or, le chevalier du Capricorne, apercevant le premier de fort loin, la division Kerguelen, n’eut pas besoin du don de se-