Page:La Landelle - Le Dernier des flibustiers, Haton, 1884.djvu/147

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relâcha point, pénétra dans la baie, et put enfin jeter l’ancre à l’embouchure de la Tingballe.

Sur les hauteurs, une vive fusillade était engagée. Franche-Corde, Jean de Paris, Pic de Lannion, Saur de Dunkerque repoussaient pour la vingtième fois une attaque des Zaffi-Rabès ; – à la vue des navires si longtemps attendus, leur ardeur redouble. Ils opèrent une sortie et acculent les ennemis dans une anse sablonneuse sous le canon du Postillon.

Béniowski ordonne une décharge à poudre en arborant le drapeau parlementaire familier aux Malgaches du littoral.

— Voici notre général, Râ-amini, tas de coquins ! s’écria Franche-Corde, et il vous en fera voir des grises.

Déjà les troupes débarquent ; les vétérans déguenillés, couverts de balafres, noirs de poudre, poussent des cris de triomphe.

Flèche-Perçante, un drapeau à la main, se précipite du côté des indigènes, et quoiqu’elle ne soit connue d’aucun d’eux, se met à les haranguer en termes hardis.

Cependant Guy-Mauve-Gobe-l’As, jeune tambour plein d’avenir, bat aux champs. La légion se forme en colonne ; Béniowski et son major montent à cheval ; la troupe se dirige vers les Zaffi-Rabès, que retient Flèche-Perçante

Râ-amini vous apporte la paix ou la guerre ! dit-elle. Fuyez aujourd’hui, refusez de faire votre soumission et d’être ses alliés, eh bien ! malheur à vous ; c’est la guerre que vous aurez choisie.

Effonlahé, philoubé du canton, se prosterne en demandant grâce et kabar.

— Méchant imbécile ! dit l’adjudant Franche-Corde entre ses dents, le voici tout prêt à parlementer ; ce matin, il nous aurait égorgés sans rien entendre.

— Mon vaillant camarade, répond Béniowski à l’herculéen